Nous rapportons l'éditorial de Matteo Renzi de ce matin,, Sénateur italien, ancien premier ministre, président d'Italia Viva, dans le journal italien Il Riformista à l'occasion du sommet Renew Europe à Rome.
Dans un an nous serons appelés à élire nos parlementaires européens.
Les commentateurs italiens imaginent déjà quel effet les élections auront pour l'emprise du gouvernement Meloni, quel sera le rapport de force entre les partis majoritaires, ce qu'il deviendra de l'exécutif. Et des analyses commencent déjà à être faites sur l'impact des élections européennes sur le nouveau cours d'Elly Schlein du Partito Democratico, sur la résilience du Mouvement des Cinq Étoiles, sur l'avenir du Troisième Pôle.
En florentin, je dirais que ce ne sont que des balivernes. Des choses mineures, en somme. Car cette fois-ci, les élections européennes sont vraiment importantes... pour l'Europe, pas pour autre chose. Nous avons l'habitude de considérer le renouvellement du Parlement européen comme un grand sondage certifié pour comprendre les rapports de force internes, c'est à dire nationaux.
Mais la vérité, c'est que le 9 juin 2024, nous jouerons avec l'avenir de l'Europe. Tu n'y crois pas ? Regarde la réalité.
L'influence chinoise grandit sur tous les dossiers, de Taïwan au Monde arabe en passant par la Route de la soie. Les États-Unis restent le bastion du monde libre, mais ils connaissent une profonde affaiblissement de leur propre démocratie. L'Amérique du Sud voit un Brésil renouvelé flirter librement avec quasiment tout le monde, de Washington à Pékin. L'Afrique se confirme comme la grande promesse qui n'a pas encore fleuri, mais d'un point de vue démographique, d'ici une génération, le Nigeria dépassera à lui seul l'ensemble de l'Union européenne. L'Inde est le moteur de la croissance de la planète, et pas seulement de la croissance démographique. Et la Russie, et bien, la Russie a manqué son rendez-vous avec l'histoire avec la décision criminelle de la part du Kremlin d'envahir l'Ukraine.
Dans ce chaos, notre génération, qui a grandi en pensant à la "fin de l'histoire", a désormais une responsabilité accrue.
Voulons-nous une Europe qui joue un rôle ou allons-nous nous contenter de la voir sur le banc de touche?
Si l'Europe veut jouer un rôle de premier plan, elle doit donner de la force à l'idéal réformiste et démocratique, qui s'enracine dans le personnalisme communautaire et dans la saine tradition pro-européenne qui s'appuie sur des géants tels que Alcide De Gasperi, Luigi Einaudi et Altiero Spinelli. Giorgia Meloni tente une opération ambitieuse : rassembler les conservateurs de l'extrême droite et les populaires et construire une majorité autosuffisante à droite. Je ne sais pas si elle réussira. Mais je sais que la seule façon de bloquer ce projet est de donner de la force à Renew Europe, la coalition réformiste qui se reconnaît avant tout dans le leadership d'Emmanuel Macron. Ne soyons pas provinciaux pour une fois : la liste unie de toutes les forces politiques qui se reconnaissent dans Renew Europe, qui tient aujourd'hui un sommet intéressant à Rome, ne sert pas à régler les comptes des petites divisions internes. Elle sert plutôt à bloquer le dessein de l'extrême droite et à affirmer l'idéal européiste le plus authentique. Celui qui se retire de ce projet fera du tort à l'Europe et donc à lui-même.
Matteo Renzi
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